Lu pour vous

Brûlée vive de Souad. Oh ! Editions, 2003.

« Les souvenirs qui me restent de mon enfance sont tous liés à la peur. » (p. 175) 

Souad (pseudonyme) est née dans une famille arabe de Judée-Samarie (Cisjordanie). Au travers de son regard d’enfant, puis d’adolescente, le lecteur découvre l’absence totale d’humanité - à part quelques rares exceptions - dans les relations parents-filles et hommes-femmes dans une société musulmane du Proche-Orient.

Souad, qui a eu le malheur de naître fille dans une famille nombreuse ne comptant qu’un garçon, est moins bien traitée que le bétail de son père (servante de la famille et plus particulièrement de ses hommes, pas d’école, incessantes humiliations, fréquents sévices corporels). Dans cet environnement culturel, il est moins honteux pour une femme d’être régulièrement battue par son mari - pratique normale là-bas - que de demander protection à ses parents après avoir été rouée de coups par ce dernier ou que de rester vieille fille - forcément dans la maison familiale. C’est la raison pour laquelle les jeunes filles aspirent ardemment au mariage malgré les perspectives de maltraitance. Le statut d’épouse leur permet d’obtenir une certaine considération de leur communauté et un espace de liberté qui nous parait insignifiant mais qui représente beaucoup pour elles (faire ses courses seule dans son quartier, regarder droit devant elle en marchant plutôt que la tête courbée en regardant le sol).  

A dix-sept ans, Souad s’amourache d’un jeune homme de son village qui abuse aussitôt d’elle et fuit quand il apprend qu’elle est enceinte. La sanction du conseil de famille tombe dès que la grossesse devient impossible à dissimuler : selon la pratique ancestrale, l’adolescente sera brûlée vive pour « sauver l’honneur de la famille ». C’est sa brute de beau-frère qui doit se charger de l’assassinat. Grièvement blessée, Souad réussit à s’enfuir de chez elle. Prise en charge par des voisines, hospitalisée mais reléguée dans une salle où ou lui refuse de véritables soins et où sa mère vient essayer de l’achever avec du poison, Souad attend que la mort vienne mettre fin à ses horribles souffrances.

Grâce principalement à l’intervention de « Jacqueline » - de la fondation SURGIR qui aide les jeunes femmes victimes des « crimes d’honneur » - mise au courant du calvaire de Souad par une chrétienne de la région, elle sera finalement transférée vers un hôpital plus hygiénique, mieux équipé et bénéficiant de l’aide de l’Ordre de Malte dans une zone contrôlée par l’armée israélienne. Ce sera la première étape d’un plan de sauvetage qui l’amènera en Suisse où elle bénéficiera d’un traitement de pointe adapté aux grands brûlés. 

Ce livre nous raconte aussi les efforts de Souad qui réussira à se reconstruire physiquement, psychologiquement et socialement dans une Europe où les droits de la femme la surprennent et l’effraient tout d’abord, puis lui permettent d’accéder à une dignité qu’elle était incapable de concevoir auparavant.

Nous avons beaucoup apprécié ce livre qui décrit très bien le terrible contexte familial et social des jeunes filles de Judée-Samarie. Le témoignage de Souad est irremplaçable pour qui s’intéresse à la réalité de la condition féminine dans les pays musulmans. Une critique cependant : le livre n’établit à aucun moment de lien de cause à effet entre le code comportemental imposé par l’islam et l’infériorisation totale des femmes dans les pays musulmans. Seuls le « patriarcat » et la « tradition » sont incriminés comme facteurs explicatifs des malheurs de Souad.

Brûlée vive nous incite également à penser la place de la femme dans nos sociétés européennes menacées de submersion par l’islam. L’égalité entre les sexes n’est-elle pas l’élément distinctif essentiel de notre civilisation vis-à-vis du monde islamique? L’observation des sociétés musulmanes nous permet de conclure que réduire la femme à des fonctions d’objet sexuel, de reproduction et de ménagère, ne fait pas que l’humilier. En bridant l’entendement, la créativité et donc l’épanouissement d’une moitié de l’humanité, l’homme provoque une épouvantable régression intellectuelle et culturelle généralisée.

Charles

ANALYSE L’Autriche et sa lutte contre la radicalisation

L’Autriche a su prendre des mesures strictes 

L’Autriche s’est dotée d’une Loi sur l’islam en 2015. Elle avait fait couler beaucoup d’encre et de salive lors de son adoption, notamment dans certains pays de l’UE, Vienne étant accusée de faire le jeu du populisme et de stigmatiser les musulmans. Il faut dire que le Chancelier Sebastian Kurz, chef du Österreichische Volkspartei (ÖVP), conservateur, étant alors allié du Parti de la liberté (FPÖ), qualifié d’extrême-droite, ceci expliquait cela. Six ans après, cette loi ne fait plus la une de la presse occidentale, les accusations à son égard s’étant révélées sans fondement. Ce texte pondéré a pour but de fixer les droits et obligations des musulmans dans une société démocratique, ni plus, ni moins, et elle a clarifié bien des choses. Elle exige des étrangers de confession musulmane venus s’établir en Autriche «une attitude positive envers l’Etat et la société». Voilà qui devrait aller de soi.

Le 2 novembre 2020 un ressortissant de Macédoine du Nord, naturalisé autrichien, commet un attentat qui coûte la vie à 4 personnes et en blesse 15 autres. Le chancelier Sebastian Kurz annonce le 11 novembre des mesures strictes contre les djihadistes se trouvant en Autriche :

- Surveillance électronique
- Renforcement des outils permettant de déchoir de la nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme et détenant la nationalité d’un pays tiers
- Retrait de certaines aides sociales ainsi que du permis de conduire...