Lu pour vous

Etienne Bovey. Pourquoi l'Europe s'ouvre-t-elle à l'islam? Un regard citoyen et chrétien. Editions EHB, 2021

Etienne Bovey, ophtalmologue de profession, a été amené à s’intéresser à l’islam du fait de son engagement chrétien, engagement né au temps de sa jeunesse. Auteur de plusieurs ouvrages sur le christianisme, il publie en 2021 l’essai que voici, qui traite en 158 pages de la subversion progressive de l’Europe par l’islam.

Pour ce faire, l’auteur convoque deux personnages fictifs, Rachid et Jean, qui sont à la fois les porte-paroles des spécialistes qu’il a rencontrés, mais aussi de certains des auteurs figurant dans la bibliographie.

L’auteur analyse les politiques de soutien religieux et culturel aux communautés musulmanes établies dans les pays européens, Turquie et Arabie saoudite en tête, ce qu’il appelle la Stratégie de l’action islamique culturelle. Il s’agit de créer progressivement une société parallèle en incitant les immigrés à exiger des autorités locales des adaptations aux normes européennes fondées sur la charia. A terme, remplacer la civilisation européenne par le mode de vie et les normes de l’islam.

Etienne Bovey s’interroge sur la laïcité, bête noire des islamistes, qui s’efforcent de relativiser à leur profit toute norme neutre sous l’angle confessionnel. Il montre comment, au nom d’un relativisme culturel venu d’Outre-Atlantique, les défenseurs du multiculturalisme et des droits de l’homme en viennent à défendre des concepts qui s’opposent frontalement au vivre-ensemble européen fondé sur la laïcité. Enfin, l’auteur traite des moyens de pression économique dont disposent certains pays musulmans, notamment les Etats producteurs de pétrole, ce qui oblige les Gouvernements européens à "composer avec" certaines normes juridiques en vigueur dans ces pays.

L’auteur, il le dit dans son titre, souhaite porter un regard citoyen et chrétien sur l’ouverture des Européens à l’islam. C’est ainsi qu’il consacre deux chapitres qui traitent de l’accueil de l’étranger, plus généralement de l’autre, suivant l’enseignement chrétien d’une part et en terre d’islam d’autre part. Ses conclusions sont fort intéressantes, même pour qui n’est pas croyant.  

En conclusion, Etienne Bovey traite de questions qui ont certes déjà été analysées par d’autres auteurs. Cependant, son livre gagne à être lu en raison de ses qualités didactiques et pédagogiques. Nous y trouvons l’essentiel de ce que tout un chacun – responsable politique et citoyen moyen – devrait connaître sur ce qu’est l’islam et sur la frontière pour le moins floue entre islam et islamisme, car tous deux se réfèrent aux mêmes textes. Constat illustré par l’affaire de l’imam de la mosquée An Nur à Winterthour qui, en 2016, a affirmé dans un prêche que les fidèles ne venant pas à la mosquée devaient être tués s’ils persistaient dans leur erreur. Pour sa défense, cet imam a invoqué le fait qu’il n’avait fait que citer des textes religieux. Et n’avait donc pas incité lui-même au meurtre. Cela vous choque ? C’est pourtant rigoureusement exact.

Camille

ANALYSE L’Autriche et sa lutte contre la radicalisation

L’Autriche a su prendre des mesures strictes 

L’Autriche s’est dotée d’une Loi sur l’islam en 2015. Elle avait fait couler beaucoup d’encre et de salive lors de son adoption, notamment dans certains pays de l’UE, Vienne étant accusée de faire le jeu du populisme et de stigmatiser les musulmans. Il faut dire que le Chancelier Sebastian Kurz, chef du Österreichische Volkspartei (ÖVP), conservateur, étant alors allié du Parti de la liberté (FPÖ), qualifié d’extrême-droite, ceci expliquait cela. Six ans après, cette loi ne fait plus la une de la presse occidentale, les accusations à son égard s’étant révélées sans fondement. Ce texte pondéré a pour but de fixer les droits et obligations des musulmans dans une société démocratique, ni plus, ni moins, et elle a clarifié bien des choses. Elle exige des étrangers de confession musulmane venus s’établir en Autriche «une attitude positive envers l’Etat et la société». Voilà qui devrait aller de soi.

Le 2 novembre 2020 un ressortissant de Macédoine du Nord, naturalisé autrichien, commet un attentat qui coûte la vie à 4 personnes et en blesse 15 autres. Le chancelier Sebastian Kurz annonce le 11 novembre des mesures strictes contre les djihadistes se trouvant en Autriche :

- Surveillance électronique
- Renforcement des outils permettant de déchoir de la nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme et détenant la nationalité d’un pays tiers
- Retrait de certaines aides sociales ainsi que du permis de conduire...