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"Rohingyas, de la fable à la réalité"

Didier Treutenaere, éd. Soukha, octobre 2018

 

Avez-vous ressenti un malaise lors de ce que les journaux ont appelé «la crise des Rohingyas?»

Vous êtes-vous demandé si les choses se passaient vraiment comme on vous les présentait ?
Vous êtes-vous demandé si vraiment l’ONU avait constaté que les Rohingyas étaient «le peuple le plus persécuté du monde?»

Et si l’ONU l’avait fait, sur quels critères ce classement des persécutions aurait-il été établi ?

Si vous lisez le livre de Didier Treutenaere, diplômé de philosophie de la Sorbonne et spécialiste du bouddhisme Theravada (ancienne école bouddhiste, principalement présente en Asie du Sud et du Sud-Est continentale): «Rohingyas, de la fable à la réalité», Editions Soukha, vous aurez des réponses à ces questions.

Et pour commencer vous apprendrez que cette qualification des Rohingyas comme «le peuple le plus persécuté du monde» attribuée à l’ONU n’a jamais été prononcée ou écrite par un quelconque organe de l’ONU. Interrogée à ce sujet, la porte-parole de l’ONU à Yangon affirma que «à sa connaissance, aucun des documents en sa possession n’utilisait cette expression». Mais pourtant, grâce à une habile campagne de presse, cette phrase a été reprise sans aucune vérification par la plupart des journalistes et des politiciens.

Vous apprendrez aussi que le terme « Rohingyas » est un terme récent, datant des années 60, car il s’agit au départ d’émigrés provenant de la région de Chittagong au Bangladesh, le pays voisin, situé au Nord de l’Etat d’Arakan, la région la plus septentrionale de la Birmanie ou Myanmar.

Purifications ethniques et assassinats

C’est la raison pour laquelle les Birmans les appellent non pas des Rohingyas, comme s’ils étaient un peuple spécifique, mais bien des Bengalis. Ce sont les colonisateurs anglais qui ont amené ces Bengalis en Arakan, pour leur faire cultiver la terre. Pendant la deuxième guerre mondiale, en 1942 et 1943, les Anglais mirent en place en Arakan une « Volonteers force » composée exclusivement de Bengalis musulmans, sensés surveiller l’avance des Japonais, mais qui au lieu de cela se livra à des opérations de purifications ethnique, détruisant les villages arakanais, les temples bouddhistes, et assassinant les civils arakanais.

Pendant le combat pour l’indépendance de la Birmanie, les Bengalis-Rohingyas, ne se mirent pas du côté des autres peuples de Birmanie, mais réclamèrent le rattachement de l’Arakan au Bangladesh, car pour eux le combat ne se situait pas du côté de l’indépendance mais de celui de la religion. Ils militaient pour un Arakan musulman et chassaient violemment les Arakanais bouddhistes vers le sud. On trouve des documents d’officiers britanniques racontant ces exactions, et Didier Treutenaere donne tout au long du livre les références pour ceux qui auraient du mal à le croire et voudraient vérifier ses dires.

En 1946 des Bengalis envoyèrent une délégation à la Muslim League pour lui demander d’obtenir le rattachement des sous-districts frontaliers au Pakistan oriental (actuel Bangladesh). Les Anglais refusèrent cette partition de la Birmanie, ce qui déclencha une rébellion des Bengalis musulmans de l’Arakan. Les leaders musulmans appelèrent à la guerre sainte contre le nouvel État birman et organisèrent une armée de « moudjahids » (un moudjahid est un combattant du djihad). Un parti musulman le « Mujjahid party » fut créé, qui envoya ses exigences au gouvernement birman. Comme elles ne furent pas acceptées, ils reprirent l’épuration ethnique commencée pendant la deuxième guerre mondiale. Des villages furent occupés, les habitants chassés et les terres données à des paysans bengalis. Des milliers de paysans arakanais durent fuir dans les villes, les moines bouddhistes furent enlevés et relâchés contre rançon.

C’est dans les années 60, que le terme «Rohingyas» apparut pour la première fois dans les revendications des leaders musulmans qui réclamaient la création d’un État «rohingya». Les gouvernements successifs refusèrent de donner la nationalité aux immigrants bengalis et à leurs descendants, et en 1982, la loi fixa la règle de reconnaissance de la citoyenneté aux populations dont la présence datait d’avant la colonisation britannique.

L’ARSA, armée terroriste

Jusqu’à aujourd’hui les troubles causés par les armées bengalies-rohingyas n’ont jamais cessé, au Myanmar comme au Bangladesh voisin, et les citer tous serait trop long.

Par exemple, en 2012, suite à une rumeur de blasphème contre l’islam, des milliers de manifestants musulmans ont détruit 22 temples et 50 maisons bouddhistes dans les districts de Chittagong et Cox’s Bazar au Bangladesh. Des musulmans du Myanmar voisin étaient impliqués dans ces attaques. Alors qu’en Europe, on nous attendrissait avec les photos et les articles sur le «peuple le plus persécuté du monde», des communautés bouddhistes manifestèrent contre cette violence et cette épuration ethnique au Myanmar, en Inde, au Sri Lanka et en Thaïlande (le sud de la Thaïlande frontalier avec la Malaisie souffre de problèmes similaires), sans que nous n’en sachions rien.

Ces dernières années, les divers groupes de combattants bengalis-rohingyas des années 50, les «Moudjahids», ont laissé la place à un seul groupe armé: l’ARSA, soit «Arakan Rohingyas Salvation Army».

Qui est cette ARSA ? Une sympathique guérilla luttant pour les droits des musulmans vivant en Birmanie, ou un avatar du djihad mondial ?

Le fondateur de l’ARSA est né au Pakistan et a vécu en Arabie Saoudite où il a reçu une éducation religieuse. Le second chef de l’ARSA vient de Chittagong au Bangladesh. L 'ARSA peut aussi compter sur des combattants venant des villages bengalis-rohingyas ainsi que sur des combattants étrangers d’Indonésie, de Malaisie, de Thaïlande ou d’Ouzbékistan. L’entrainement est assuré par des anciens d’Afghanistan.

L 'OCI, organisation de la Coopération islamique a un comité «Jaliya pour la protection de la communauté Rohingyas». Les financements sont importants, tant pour acheter les villageois musulmans en Arakan que pour rémunérer les combattants. Les commandants de l’ARSA se nomment «émirs» comme les combattants de l’État islamique, et des religieux pakistanais, bengalis ou indiens émettent des fatwas pour légitimer les actions violentes.

Le déclenchement du récent exode

Le 25 août 2017, l’ARSA a lancé des attaques coordonnées contre une vingtaine de postes de police, une base militaire, et des villages hindous. Neuf villages ont été brûlés, et dans le village de Ye Baw Kya, plus de cent villageois ont été égorgés et décapités. Les attaquants ne parlaient aucune langue locale, mais un dialecte bengali, et reprochaient aux villageois de vénérer des idoles. Des jeunes filles furent épargnées pour être converties et mariées de force. C’est cette dernière et violente attaque qui a provoqué une intervention de l’armée birmane, suite à laquelle environs 700 000 Bengalis-Rohingyas ont fui au Bengladesh. L’ARSA a été classée comme «groupe terroriste» par le gouvernement du Myanmar, mais chez nous personne n’en a entendu parler.

La stratégie des factions islamistes est la suivante:

  1. Chasser ou tuer les habitants non musulmans pour rendre la région suffisamment ethniquement homogène et pouvoir revendiquer l’indépendance de « peuples opprimés ».
  2. Provoquer le gouvernement afin de susciter une répression militaire qui choquera la « communauté internationale » grâce à une propagande efficace envers les médias, et qui poussera la habitants musulmans jusque-là pacifiques dans les bras des groupes armés rebelles.
  3. Semer le doute quant à l’origine des attaques pour discréditer le gouvernement en lieu et place des « rebelles »
  4. Lancer des rumeurs de « génocide » ou de « nettoyage ethnique » et de « viols de masse », à chaque fois que l’armée d’un Etat intervient pour tenter de faire cesser les violences. Pour cela utiliser au besoin des photos détournées.

Au Myanmar, cette stratégie ne semble pas avoir fonctionné puisque les Bengalis-Rohingyas ont été chassés au Bangladesh et n’ont pas obtenu la partition de l’Ârakan, pour en faire un État musulman.

Mais était-ce vraiment le but ?

La grande opération médiatique entourant la catastrophe humanitaire provoquée par la riposte du gouvernement du Myanmar pourrait avoir eu pour objectif principal de faire oublier à la «communauté internationale» et à «l’opinion publique» que l’islam a beaucoup de difficultés à vivre avec d’autres communautés et n’hésite pas à faire usage de violence pour les chasser de territoires qu’ils partagent. Que les nombreux attentats qui ont endeuillé l’Europe étaient bel et bien le fait de l’islam, et non pas celui du christianisme ou du bouddhisme.

L’islam, religion enfin persécutée!

Cette gigantesque opération médiatique a permis de faire enfin passer l’islam pour une religion injustement persécutée, et le bouddhisme pour une religion violente et intolérante. Cette magistrale inversion des rôles permet également d’affirmer que «toutes les religions» seraient également violentes, et que la violence ne serait donc pas consubstantielle à l’islam. Qu’il s’agirait uniquement d’une question d’interprétation, puisque même le bouddhisme, religion de la compassion, pourrait se montrer violent.

Cette opération médiatique a également permis de mobiliser l’Oumma, la «communauté musulmane», contre les mécréants dont elle serait l’éternelle victime. On a même vu Omar Sy ou Malala prendre naïvement fait et cause pour les «Rohingyas», alors qu’aucune personnalité médiatique ne s’est jamais engagée pour défendre les bouddhistes, les hindous, ou les chrétiens d’Orient persécutés et massacrés.

Du point de vue des relations publiques de l’islam militant, on donc peut affirmer que la crise des «Rohingyas» a été une réussite totale.

Je serais d’ailleurs étonnée qu’elle ne serve pas à nouveau dans le futur: d’innocents musulmans «persécutés» par de méchants bouddhistes violents , la fable a été acceptée et répétée en boucle par tous les journalistes occidentaux, abreuvés des dépêches d’agences de relations publiques rémunérées pour modeler l’opinion selon un agenda prédéterminé. Elle a si bien fonctionné qu’elle va probablement resservir à chaque fois que l’image de l’islam sera trop détériorée.

A la fin du livre , dans sa conclusion , Treutenaere propose à notre réflexion une série de questions sur les thèmes de l’identité, de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’immigration, de la morale individuelle, de la morale collective, de la morale universelle, des droits de l’homme, de la liberté de religion, de l’islam, etc…, et laisse au lecteur le soin d’y répondre. C’est très intéressant et c’est ce genre de questions que j’aimerais voir posées lors des débats télévisés. Malheureusement on en est loin.

Sophie

 

NB : Un autre connaisseur de la région, Rick Heizman, se bat pour faire reconnaître la responsabilité du djihadisme dans ces événements. On trouve de nombreuses vidéos sur YouTube (en anglais), dont cette interview.

ANALYSE L’Autriche et sa lutte contre la radicalisation

L’Autriche a su prendre des mesures strictes 

L’Autriche s’est dotée d’une Loi sur l’islam en 2015. Elle avait fait couler beaucoup d’encre et de salive lors de son adoption, notamment dans certains pays de l’UE, Vienne étant accusée de faire le jeu du populisme et de stigmatiser les musulmans. Il faut dire que le Chancelier Sebastian Kurz, chef du Österreichische Volkspartei (ÖVP), conservateur, étant alors allié du Parti de la liberté (FPÖ), qualifié d’extrême-droite, ceci expliquait cela. Six ans après, cette loi ne fait plus la une de la presse occidentale, les accusations à son égard s’étant révélées sans fondement. Ce texte pondéré a pour but de fixer les droits et obligations des musulmans dans une société démocratique, ni plus, ni moins, et elle a clarifié bien des choses. Elle exige des étrangers de confession musulmane venus s’établir en Autriche «une attitude positive envers l’Etat et la société». Voilà qui devrait aller de soi.

Le 2 novembre 2020 un ressortissant de Macédoine du Nord, naturalisé autrichien, commet un attentat qui coûte la vie à 4 personnes et en blesse 15 autres. Le chancelier Sebastian Kurz annonce le 11 novembre des mesures strictes contre les djihadistes se trouvant en Autriche :

- Surveillance électronique
- Renforcement des outils permettant de déchoir de la nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme et détenant la nationalité d’un pays tiers
- Retrait de certaines aides sociales ainsi que du permis de conduire...