Archives

Al Andalus, l’invention d’un mythe de Serafín Fanjul. Editions de l’Artilleur, 2017

Serafín Fanjul, né en 1945, a milité au sein du parti communiste espagnol et dans des organisations antifranquistes avant d’embrasser une carrière de chercheur. Titulaire de la chaire de littérature arabe de l’Université autonome de Madrid, reconnu mondialement par ses collègues arabisants, il publie plusieurs ouvrages, dont Al Andalus contre l’Espagne et La chimère d’Al Andalus, tous deux groupés dans le présent opus.

La domination arabo-musulmane de la péninsule s’étend de 711 au 2 janvier 1492, date de la chute de Grenade qui achève la reconquête (Reconquista). Elle aura duré 781 ans, soit près de huit siècles. La péninsule ne sera pas totalement dominée ; en effet, en 718, Pélage fonde le Royaume des Asturies et lance la résistance chrétienne ; en 722 il obtient une première victoire à Covadonga qui marque le début de la reconquête, faite d’avancées et de reculs, jusqu’en 1492. Serafín Fanjul analyse de manière approfondie, avec un luxe de détails, ce qu’il qualifie de mythe, à savoir la coexistence harmonieuse entre les trois religions monothéistes dans un espace nommé Al Andalus. Celui-ci n’est pas l’actuelle province d’Andalousie mais l’Espagne musulmane. A partir de la reconquête, le territoire d’Al Andalus se réduit progressivement jusqu’à ne plus comprendre que le Royaume de Grenade. La naissance du mythe naît à partir du XVIIIe siècle, tant parmi des écrivains et voyageurs espagnols qu’européens. La chute d’Al Andalus est décrite comme la destruction d’un Etat brillant et tolérant par des barbares venus du Nord. Ce phénomène d’autoflagellation s’exacerbe à la fin de la dictature franquiste, le catholicisme étant assimilé à la dictature. Des auteurs étrangers décrivent une Espagne soumise à l’emprise du catholicisme, un pays d’ignorants qui n’a rien produit alors qu’Al Andalus et sa brillante civilisation arabo-musulmane auraient illustré tous les arts et les sciences. On n’hésite pas à lui prêter des qualités de tolérance qui n’existait pas au Moyen Age, comme la liberté religieuse, absente tant du côté chrétien que musulman. Or les musulmans, comme ils l’ont fait partout ailleurs, pratiquent une politique de conversion volontaire ou par la force ; les chrétiens aussi ; ils la justifient par le fait que les Morisques (convertis de gré ou de force au catholicisme) agissent de concert avec les pirates qui des ports du Maghreb infestent la Méditerranée occidentale et menacent les ports du Levant espagnol.   

Le mythe d’Al Andalus sert les projets des bien-pensants qui, aujourd’hui, rêvent d’un islam européen tolérant. Mais la réalité a été tout autre. La coexistence entre chrétiens et musulmans dans Al Andalus est difficile dès le début de la conquête arabo-musulmane, puis devient insupportable et rapidement impossible. Pour ne pas parler du massacre de juifs ; lors du premier, en 1066 à Grenade, ils sont 4000 à tomber sous les coups des musulmans. Dans les faits le processus d’islamisation est important ; les minorités sont tolérées pour autant qu’elles se soumettent à la rigoureuse ségrégation en droit et dans les faits qui leur est appliquée dans tous les territoires conquis par l’islam (statut de dhimmi). Des auteurs s’autoproclamant spécialistes affirment que la langue arabe a influencé de manière déterminante le castillan ; or dans le langage courant d’aujourd’hui, seuls 450 mots utilisés proviennent effectivement de l’arabe. Bien moins que du français. Le flamenco est déclaré héritage arabe alors que cette danse est apparue il n’y a que deux siècles environ et n’est pratiquée nulle part ailleurs dans l’espace musulman. Quand l’ignorance le dispute à la mauvaise foi, le ridicule n’est jamais très loin. La perte de valeurs et l’inculture généralisée amènent à mettre sur le même pied l’étude fouillée d’un historien et les propos d’un rappeur qui, fier de lui, étale son ignorance dans des médias complaisants. Sous l’œil ravi des élites européennes.

Camille

ANALYSE L’Autriche et sa lutte contre la radicalisation

L’Autriche a su prendre des mesures strictes 

L’Autriche s’est dotée d’une Loi sur l’islam en 2015. Elle avait fait couler beaucoup d’encre et de salive lors de son adoption, notamment dans certains pays de l’UE, Vienne étant accusée de faire le jeu du populisme et de stigmatiser les musulmans. Il faut dire que le Chancelier Sebastian Kurz, chef du Österreichische Volkspartei (ÖVP), conservateur, étant alors allié du Parti de la liberté (FPÖ), qualifié d’extrême-droite, ceci expliquait cela. Six ans après, cette loi ne fait plus la une de la presse occidentale, les accusations à son égard s’étant révélées sans fondement. Ce texte pondéré a pour but de fixer les droits et obligations des musulmans dans une société démocratique, ni plus, ni moins, et elle a clarifié bien des choses. Elle exige des étrangers de confession musulmane venus s’établir en Autriche «une attitude positive envers l’Etat et la société». Voilà qui devrait aller de soi.

Le 2 novembre 2020 un ressortissant de Macédoine du Nord, naturalisé autrichien, commet un attentat qui coûte la vie à 4 personnes et en blesse 15 autres. Le chancelier Sebastian Kurz annonce le 11 novembre des mesures strictes contre les djihadistes se trouvant en Autriche :

- Surveillance électronique
- Renforcement des outils permettant de déchoir de la nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme et détenant la nationalité d’un pays tiers
- Retrait de certaines aides sociales ainsi que du permis de conduire...