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23 mai 2017 - La mosquée de Plan-les-Ouates inaugurée dans la joie et l’harmonie

Au programme: beaucoup de joyeux musulmans, peu d’habitants du lieu, une kyrielle d’orateurs dont le gratin des autorités… et une charte qui promet probablement plus que ses signataires ne pourront tenir.

Il fallait posséder un cœur de pierre samedi pour ne pas s’attendrir à l’écoute de tous ces discours emplis de partage, de rencontres, de vivre ensemble, de découverte des différences. Et comme prévu, les moins enthousiastes n’étaient pas le prêtre et le pasteur.

Les musulmans étaient venus par centaines à l’inauguration de la nouvelle mosquée de Dituria, association albanophone. Conseillers administratifs, communaux, Délégué à intégration, membre de la Commission fédérale pour les migrations, tous ont loué l’ouverture de ces adeptes du prophète. Ceux-ci se sont souvent exprimés en albanais et ont témoigné à de multiples reprises et drapeaux qu’ils ont deux patries. Aucun esprit mesquin ne leur a signalé qu’apprendre notre langue serait un premier signe d’intégration, surtout qu’ils se vantent eux-mêmes d’en être à la quatrième génération! A partir de combien la Suisse sera-t-elle leur «vraie» patrie?

Ils auraient tort de s’en soucier. Le pasteur a célébré les prénoms albanais qui enrichissent notre patrimoine et condamné ceux qui font montre à ce propos d’un «repli identitaire frileux». C’est vrai. Lorsqu’on voit le nombre de ces Albanais qui donnent un prénom «suisse» à leurs enfants, on a honte!

J’ai très peu vu de Plan-les-Ouatiens non musulmans, hors quelques paroissiens. Le partage, le vivre ensemble, c’était entre Dituria et les autorités. Je n’ai pas vu non plus d’imams non-albanais. Les ponts entre musulmans ce sera pour plus tard. Participer chacun de son côté à l’expansion de l’islam leur suffit. En revanche, le président de l’UAIS (Union des imams albanais de Suisse) Nehat Ismaili était de la partie. Comme Mustafa Memeti, leader de la fédération concurrente et tous deux signataires d’une charte toute fraîche.

Toutes les mosquées enseignent que le foulard est une obligation religieuse, y compris l’imam de Dituria. De très nombreuses femmes avaient donc sorti leur voile du dimanche. Et si dans cette très belle mosquée, les deux sexes seront réunis dans la même salle de prière, les femmes seront comme de juste à l’arrière.

A quelque pas de là, deux adversaires du niqab récoltaient des signatures pour l’initiative qui entend l’interdire. Les discussions leur ont montré que contrairement à ce que disaient les articles de presse, bien des habitants ne craignent pas seulement que les croyants se parquent n’importe où. Ils craignent l’islam et ses adeptes.

En ce jour de fête, tout a été oublié: les versets et hadiths haineux, les fleuves de sang que font couler tant de musulmans, les pays qui obéissent à la charia avec fouet et décapitations, l’absence de liberté religieuse, les exigences sans fin...

Les albanophones sont très loin de cet islam, et en fait de l’islam tout court si l’on en croit les convictions affichées. D’ailleurs, les musulmans albanais ont une nouvelle arme de séduction massive pour nous en convaincre: une charte signée par les deux fédérations albanophones il y a quelques mois, fédérations jusque-là sœurs ennemies: l’Union des albanais de Suisse (UAIS) dont je racontais ici les influences saoudiennes et les prêches radicaux, et la Communauté islamique albanaise de Suisse, nettement plus fréquentable. Mustafa Memeti, président de cette dernière, déclarait avant la naissance de la charte, que l’UAIS était bien une branche ultraconservatrice, un clan influencé par l’Arabie saoudite.

Le président de l’UAIS Nehat Ismaili traduisait et recensait les œuvres d’islamistes, dont le plus toxique, Youssef Al-Qaradawi. Bekim Alimi, imam de l’imposante mosquée albanophone de Wil (Saint-Gall), inaugurée tout récemment en présence du gratin politique, était encore en 2016 vice-président de cette fédération. Et Rijad Aliu, imam de la nouvelle mosquée de Plan-les-Ouates, assume toujours cette fonction.

L’idée d’une charte a surgi et tout a été effacéOubliés le wahhabisme, les prêcheurs radicaux, la misogynie, les écrits d’Al Qaradawi! Après un examen que l’on imagine très approfondi, toutes les mosquées albanaises se sont ralliées à la démocratie et à nos valeurs.

On aurait cru que la signature des leaders des deux fédérations engageait leurs membres. Ce serait trop frustrant. Ils se font un plaisir à telle ou telle occasion de la signer chacun à son tour officiellement. Samedi, Dituria est entrée dans la danse et l’a solennellement offerte avec le paraphe de ses responsables au conseiller administratif Xavier Magnin. Un bien beau cadeau!

Quelles sont les promesses du document ? Tout ce qu’adore entendre le politique! Et d’abord la reconnaissance de la laïcité définie comme «la neutralité de l’Etat à l’égard de toutes les organisations et entités religieuses». La neutralité de l’Etat signifie pour les musulmans pratiquer librement leurs préceptes, leurs rites et donc les imposer aux autres sans le moindre respect du caractère séculier de nos démocraties. Et puis  «la liberté de conscience et la liberté de pratiquer ou non un culte ainsi que le principe de l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.» La liberté de pratiquer un culte est surtout celle de pratiquer le leur, seule religion à réclamer constamment l’extension de son champ d’action. Principe d’égalité: attention, pas de discrimination à notre encontre!

Ces libertés comprennent-elles la suppression de cette pratique quasi systématique dans ces milieux: obliger les hommes non musulmans qui épousent une musulmane à se convertir?

Les signataires affirment aussi qu’«…aucune raison de nature religieuse ne peut être invoquée pour contester, contredire ou remettre en question le fonctionnement de l’État de droit, l’ordre constitutionnel et les lois suisses.» Ça ne mange pas de pain, on imagine mal un quelconque guide spirituel dire le contraire.

Plus concret: «… nous refusons d’imposer ou de proposer à nos communautés un modèle social de vie et de comportement différent de celui des autres citoyens; bien au contraire, nous nous engageons au respect du modèle suisse et à l’intégration dans la société d’accueil. »  Là, vu les innombrables revendications destinées à imposer un autre mode de vie, on est un peu soufflé. «Nous nous engageons, en particulier, à œuvrer au respect des droits de la femme, à favoriser son égalité conformément à la loi et à la constitution suisse.» … Mais nous expliquons à nos femmes que le port des vêtements islamiques est une obligation. Et nous pratiquons la ségrégation sexuelle à tous les étages dans nos mosquées.

 «Nous sommes albanais musulmans d’Europe, notre islam est compatible notamment avec le système démocratique suisse. En foi de quoi, nous estimons que personne ne peut ni ne doit utiliser ses convictions ou ses pratiques religieuses pour s’opposer à l’intégration socioprofessionnelle et culturelle des individus dans la société suisse.» Alors, ce foulard, ces prières, ces revendications à l’hôpital, en prison, en entreprise, n’est-ce pas utiliser ses convictions pour s’opposer à l’intégration? Non, pour que l’intégration s’effectue harmonieusement, il suffit que nous nous soumettions.

Ces mots suffiront-ils à alléger nos maux? Il faudrait pour cela qu’un organisme indépendant aille voir ce qu’il en est sur le terrain, dans les mosquées. C’est étonnant, les auteurs n’y ont pas pensé.

Donc, comme en politique, les promesses des chartes n’engagent que ceux qui veulent y croire.

Billet paru sur Boulevard de l'islamisme

ANALYSE L’Autriche et sa lutte contre la radicalisation

L’Autriche a su prendre des mesures strictes 

L’Autriche s’est dotée d’une Loi sur l’islam en 2015. Elle avait fait couler beaucoup d’encre et de salive lors de son adoption, notamment dans certains pays de l’UE, Vienne étant accusée de faire le jeu du populisme et de stigmatiser les musulmans. Il faut dire que le Chancelier Sebastian Kurz, chef du Österreichische Volkspartei (ÖVP), conservateur, étant alors allié du Parti de la liberté (FPÖ), qualifié d’extrême-droite, ceci expliquait cela. Six ans après, cette loi ne fait plus la une de la presse occidentale, les accusations à son égard s’étant révélées sans fondement. Ce texte pondéré a pour but de fixer les droits et obligations des musulmans dans une société démocratique, ni plus, ni moins, et elle a clarifié bien des choses. Elle exige des étrangers de confession musulmane venus s’établir en Autriche «une attitude positive envers l’Etat et la société». Voilà qui devrait aller de soi.

Le 2 novembre 2020 un ressortissant de Macédoine du Nord, naturalisé autrichien, commet un attentat qui coûte la vie à 4 personnes et en blesse 15 autres. Le chancelier Sebastian Kurz annonce le 11 novembre des mesures strictes contre les djihadistes se trouvant en Autriche :

- Surveillance électronique
- Renforcement des outils permettant de déchoir de la nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme et détenant la nationalité d’un pays tiers
- Retrait de certaines aides sociales ainsi que du permis de conduire...