Grand Conseil genevois: l’ASVI plaide pour une laïcité… simplement laïque
22.5.16 - C’était le 21 avril dernier. L’ASVI, représentée par deux membres du comité dont sa présidente, était auditionnée par la Commission des droits de l’homme du Grand Conseil.
Celle-ci examine les deux projets de loi sur la laïcité, celui du Conseil d’Etat (CE), et celui de quelques députés, dont deux islamo-lucides d’Ensemble à gauche.
Deux remarques préliminaires:
1. Sans le dire, le projet de loi tente surtout et presque uniquement de gérer les revendications musulmanes. C’est hélas une illusion. Laïque ou non, aucun pays n’a réussi.
2. Un exemple de l’exiguïté de la marge de manœuvre dans ce domaine est l’art.9 de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit «la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.».
C’est aussi le cas de l’art. 15 de la Constitution suisse. Et c’est en l’invoquant que le Tribunal fédéral a autorisé le port du voile d’une élève, considérant qu’«il n’y a pas de neutralité confessionnelle pour les écoliers et écolières». Sur le principe, les musulmans peuvent donc librement mettre en pratique leurs préceptes dans l’espace public et privé… hormis quelques exceptions dans certains pays, acceptées par la Cour européenne des droits de l’homme: l’interdiction du foulard à l’école et du niqab.
Le projet
Seule réelle avancée: le projet interdit le port de vêtements religieux aux agents de l’Etat s’ils sont en contact avec le public. Nous avons proposé d’étendre l’interdiction à tous les fonctionnaires et aux élus sur leur lieu de travail.
Un article dispose que «les relations avec les organisations religieuses sont du ressort du Conseil d’État.». Si l’Etat est neutre, il ne choisit pas ses interlocuteurs, ne privilégie pas telle communauté ou association. Nous avons proposé de le supprimer.
Et ceci d’autant plus qu’il est impossible de vérifier et de respecter les conditions que pose le CE dans l’exposé des motifs pour entretenir ces relations: le «rejet de tout discours justifiant ou stimulant la haine, le mépris ou la discrimination».
Exemples: des imams, l'un de la Grande mosquée (cf. Temps présent du 30.04.15), l'autre du Centre islamique, refusent de condamner la lapidation et la polygamie. Hani Ramadan célèbre celles-ci dans ses livres. Il défend aussi toutes les discriminations contenues dans la charia, il est un adepte du complot «américano sioniste euro-compatible», qui induit le rejet l’Occident, il appelle au djihad et défend les Frères musulmans. De plus, vu qu’il représente l’écrasante majorité des musulmans du canton par sa présidence de l'Union des organisations musulmanes de Genève (UOMG), il ne reste pratiquement aucun interlocuteur acceptable à Genève!
D’après un autre article, l’Etat «peut soutenir des actions favorisant le dialogue interreligieux et la paix religieuse». Article à supprimer: c'est aux religions elles-mêmes d’entretenir ou non un tel dialogue, l’Etat – neutre - n’a pas à s’en mêler.
À ce propos, nous nous sommes interrogés sur le rôle des formations proposées aux professionnels par des institutions étatiques ou paraétatiques et sur celui du Bureau pour l’intégration des étrangers (BIE) et de son délégué.
L’expérience montre que les conférences, expositions ou formations consistent surtout à nous faire admettre certaines mœurs et discriminations de l'islam tout en oubliant ce qui est gênant.
Deux exemples:
1) Le Centre islam et société de Fribourg et sa première formation continue. Nous avons développé ce sujet, car il est parfaitement illustratif de toutes ces initiatives:
Cette illustration indique un des objectifs du séminaire: faire accepter le foulard des musulmanes.
La présentation intérieure utilise les clichés habituels: islam «religion méconnue», «les musulmans souffrent de stéréotypes» et de «représentations» (fausses bien entendu). Les intervenants vont donc «déconstruire certaines représentations».
Une question n’est jamais posée: ces formations ont-elles pour but de faire comprendre aux professionnels qu’ils doivent accepter des différences de traitement, voire des discriminations, ou au contraire d’explorer avec eux des chemins d’adhésion aux valeurs de notre démocratie, dont: l’égalité de traitement des élèves, des patients, des travailleurs… et des administrés en général?
Oserait-on aborder ceci dans un séminaire: «les valeurs suisses sont souvent méconnues des musulmans», «les Suisses s’interrogent au sujet de pratiques revendiquées par les musulmans». «Ce séminaire s’efforcera de déconstruire certaines représentations véhiculées par les musulmans sur les Occidentaux.»
Et un sujet impensable qui intéresserait pourtant de nombreux citoyens et professionnels:
«Des imams témoignent: Coran, hadiths, Prophète comment nous abordons le traitement des femmes, le statut des religions, l’esclavage, l’apostasie, les châtiments corporels. »
2) Le BIE est censé favoriser la paix religieuse. Peut-être le fait-il. Mais à quel prix?
Exemple: une soirée organisée par le Service égalité de l'université avec la participation du responsable du Bureau de l’intégration (BIE) et d’organisations musulmanes. Une nouvelle et très onéreuse exposition destinée à faire avaler le foulard est présentée. Une bonne partie de la soirée est consacrée à le légitimer dans l'entreprise.
Enfin, nous nous opposons au fait que l’école enseigne le «(…) religieux dans sa diversité ».
Nous estimons que cet enseignement spécifique n’a pas sa place dans un Etat laïque.
Contre-projet d’Ensemble à gauche
Ce contre-projet nous semble positif dans le sens où il impose une stricte séparation de l’Eglise et de l’Etat
Nous craignons cependant que des signes et manifestations liés à notre patrimoine chrétien, par exemple une crèche, voire des sapins de Noël, puissent être interdits. Ce serait se soumettre à l’intolérance de la communauté musulmane, seule à contester ce genre d’expression de notre histoire et de nos racines.
Notre commentaire sur la page 3 de l’exposé des motifs: il est (hélas) illusoire que «la laïcité nous protège du particularisme communautaire et des discriminations qui visent à l’éclatement des sociétés…» Son pouvoir est infiniment plus restreint.