31 octobre 2016 - «Nous étions les rois du monde! Et soudain…»

Une après-midi au Musée des illusions de l’islam.

En fin de compte, avons-nous eu raison de tant protester à propos du Musées des civilisations de l’islam de la Chaux-de-Fonds? Oui, car la pression sociale a empêché les initiateurs de présenter une vision hyper orthodoxe du sujet. Mais non, car pour compenser, les promoteurs utilisent quelques subtiles tactiques destinées à démonter les critiques les plus fréquentes.

Par exemple, l’affirmation que l’islam produirait «des civilisations islamiques». Des cultures on veut bien, des civilisations, seul le MUCIVI semble le penser. On a beau dire, on a beau faire, l’islam et sa monumentale jurisprudence sont parfaitement semblables partout. Et les «civilisations islamiques» sortent toutes de cette matrice.

«Au début était l’ignorance!», rappelle l’audioguide en début de parcours. Cette affirmation capitale de l’islam a toujours signifié: avant nous, avant la révélation, il n’y avait rien de valable. Cette conviction a été à l’origine de la disparition de riches cultures et de multiples destructions. Mais là encore, on rectifie: car avant la révélation, il existait une merveilleuse poésie. C’est un peu mince.

Rien à faire dans les trois premières salles qu’à écouter le récit super bref de la naissance de l’islam version orthodoxe. Avec néanmoins une étonnante découverte. Pour tenter de contrer le sentiment de plus en plus répandu d’un islam littéraliste, figé, dont la lettre comprend nombre de violences, de sexisme et d’inégalités, les ordonnateurs du musée nous font part d’une nouvelle révélation: chaque verset du Coran comprend 7 sens implicites en plus du sens explicite. Huit sens à découvrir! Environ 50 000 en tout si l’on additionne les versets! Après une petite recherche, je conclus que les muséographes mélangent délibérément les «sens» et les «lectures», ce dernier concept échappant à la totalité des musulmans de base.

Les conquêtes. Rien n’est dit sur le perpétuel état de guerre que provoquent les adeptes du prophète pour étendre leur domination. Vers 800, l’empire musulman atteint son apogée territorial. Selon le récit musulman, s’ouvrent alors 5 ou 6 siècles de bonheur, les populations étant toutes enchantées de l’occupation qu’elles subissent. Pour se convaincre de cette époque merveilleuse, la salle 4 nous accueille. Elle fait la fierté des visiteurs mahométans.

Elle énumère des inventions et découvertes de philosophes et savants musulmans durant «L’Âge d’or» qui comprend notamment l’occupation de l’Espagne. Le visiteur active manuellement des professeurs-spécialistes grandeur nature qui lui détaillent telle ou telle découverte. Peter Pormann par exemple (uni de Manchester) déclare: «Les savants musulmans ont développé et corrigé l’arithmétique grecque». Mais qui nous dit que l’islam a quelque chose à voir là-dedans sinon qu’il… n’a pas empêché ce progrès? Sans compter que le plus souvent, les scientifiques du monde musulman ont repris et perfectionné des inventions de savants du monde gréco-romain et des civilisations conquises, comme le montre entre autres Sylvain Gouguenheim.*

Cette confusion entre foi, raison, science, connaissance est typique de l’islam. Un bref regard sur les sociétés musulmanes aujourd’hui rappelle cette évidence: plus l’islam imprègne une société, moins les découvertes scientifiques et les progrès moraux sont riches. Les concepteurs du musée ne pouvaient dire cette vérité sans être exécutés.

A la salle 5, patatras, le château s’écroule! «Nous étions les rois du monde! rappelle l’audioguide. Le monde enviait notre sagesse. Et soudain, tout vole en éclats! Et aujourd’hui, qu’avons-nous fait de notre civilisation?… Nos esprits sont sclérosés. Nous regardons le monde avec envie.»

Belle autocritique. Mais question sclérose, les communautés musulmanes dont l’association de Nadia Karmous, directrice du musée, se posent un peu là. Elles sont incapables d’avoir le moindre regard critique sur leurs textes et de prendre en compte les découvertes historiques qui expliquent comment ils ont été produits.

La dernière salle propose une série de mini-vidéos de personnes grandeur nature, de tous horizons et habillements. Le foulard est presque absent. Nos interlocuteurs nous regardent dans les yeux. Impressionnant de réalisme. Message subliminal: «Nous sommes multiples et semblables, pas de quoi avoir peur.» Messages de l’audioguide: «Il appartient à chaque musulman de vivre sa foi selon ses choix et sa propre conscience.» «La présence de musulmans dans tous les pays du monde laisse présager un islam diversifié et pluriel.» Liberté? Pluralité? On les cherche en vain en Occident. L’affirmation est proche de l’incantation.

Ce qui est suggéré tout au long de cette petite balade: l’universalité de l’islam, la respectabilité de l’islam, la diversité de l’islam, la souplesse de l’islam. Sauf que l’histoire passée et présente de l’islam contredit singulièrement cette idyllique approche.

La muséographie est très moderne, mais sans âme. Montrer la diversité des cultures d’islam depuis 14 siècles en 6 petites salles, sans objets, uniquement avec des astuces techniques, est un vaste défi. Il est raté.

octobre 2016

*«Aristote au Mont Saint-Michel », 2008

 

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